Aux temps jadis, un groupe d'une dizaine de personnes accompagnées de quelques grenadiers déambulaient dans les rues de la ville, promenant une poupée de chiffons symbolisant l'hiver et ses malheurs. Le bonhomme Hiver était brûlé sur la place au milieu de chants, de rondes et de farandoles endiablées qui exprimaient la joie générale de cette mort tant attendue. Mais Monsieur Hiver ne devait pas se douter de la chose et la solution idéale était de la saouler, aussi le faisait-on sauter dans un drap jusqu'à ce qu'il perde la tête (supplice très "en vogue" à l'époque espagnole) et à la nuit tombante, on le basculait promptement dans le grand feu! La foule criait, dansait, riait, l'alcool coulait à flot. Les acolytes étaient vêtus de blanc en représentation de la neige, amie de l'hiver, et les masques noirs pour ne pas être reconnus par le triste sire l'année suivante...
Les grenadiers, pour empêcher la foule de lyncher prématurément la marionnette, apparurent. Il y avait également un homme porteur de cannes à pêche qui distribuait des brioches pendant au bout de ligne; les enfants se pressaient autour de lui pour mordre à ces succulentes friandises, mais deux ou trois pères fouettards armés de verges cinglaient les jambes de tout ce petit monde.
Par dessus tout cela, la musique de la ville apportait son concours sonore à tout cet imbroglio..
La tradition se perpétue dans la région grâce à un comité qui tient à faire survivre ce bon vieux temps: les Amis du Gugusse.
Evidemment, quelques changements sont intervenus: l'homme aux brioches a été remplacé par monsieur Saurets. Le drap, toile de sauvetage des pompiers sert de temps-en-temps à faire pirouetter des enfants mais surtout des personnes du beau sexe attrapées par les pères fouettards, chose que d'ailleurs elles n'apprécient pas forcément!
Texte écrit à l'occasion de l'Assemblée Générale des Amis de Gugusse en 1979. Le siège social se trouvait à l'Hôtel Alfa.
Voir également "Les Amis du Gugusse"