Carnaval de la grosse biesse

Marche-en-Famenne, 18 & 19 Février 2023

2016 - La Grosse Biesse conte ses légendes - L'histoire

En ce temps-là, chaque Marchois, entre février et avril, attendait avec impatience que le grand-duc André racontât des histoires. Car, en ce domaine, il excellait. C'était un grand raconteur d'histoires. Il aurait pu vous dire que la terre était plate, que le ciel était vert, que le soleil était bleu, vous l'auriez cru. Et il ne s'en privait pas.

Mais voilà que cette année-ci : patatras !

Extinction de voix. Et pas de voix, pas d'histoires.

On lui chercha bien un remplaçant parmi les nobles de la cour. Jean-François le vieux jouvenceau ? Trop maûtchi. Le chevalier Nicolas ? Trop godi. Le cheik Christian, dit le Sicko-Maure ? Trop poétique. Lady Piheyns ? Trop nordique. Dame isabelle ? Trop sudiste. Bref, personne.

En fin de compte, une délégation s'en alla trouver la Macrâle du Chamay (qui entre nous soit dit, régnait sur toutes les macrâles du Fond des Vaulx, et il y en avait un certain nombre). Celle-ci avait toujours réponse à tout et leur révéla, en effet, un stupéfiant secret : à l'occasion, la Grosse Biesse régalait les nutons, ses amis, de merveilleuses histoires. La délégation prit alors contact avec la Biesse. Et celle-ci accepta.

Au jour dit, tous les Marchois se réunirent sur la place devant l'église. Et la Grosse Biesse était là, avec son ami le petit Gugusse. Et elle se mit à raconter. Et ce fut une sarabande d'histoires extraordinaires : Noire Suie et les six nutons; le Chien Crotté; les sept maris de Cheveux-Verts; Jacqueline et le chou maléfique; Braisillon et la pantoufle de fer; la Vilaine au bois vivant; le gentil petit loup et les trois grands ronchons; les chausses des sept vieux; le beau grand conard. Des heures et des heures de bonheur ! Un festival, une régalade, une apothéose !


Les Marchois furent heureux comme jamais et regrettèrent un peu quand le grand-duc André retrouva la voix.

 

Jean-Louis Troquet
Janvier 2016Dessin2016