La Grosse Biesse du Fond des Vaulx aurait provoqué, paraît-il, la panique des habitants marchois il y a bien longtemps. Cette panique fut momentanée car une petite fille, on ne sut jamais son nom si bien qu’on l’appelle aujourd’hui Noss’ Petit’, parvint à l’apprivoiser et à la faire adopter par la ville. Depuis lors, dit la légende, chaque année, la Grosse Biesse revient au moment du carnaval.
Une bande dessinée imprimée en 1987 rappelle d’ailleurs cette légende… qu’on peut aussi lire sous forme de texte dans sa version originale ou simplifiée.
Ainsi, lors du cortège du dimanche Gras, une place de choix est laissée à la Grosse Biesse, sortie une première fois en 1953, puis deux fois dans les années 60. Depuis 1988, elle fait une réapparition annuelle. Ces dernières années, elle nous laisse d’ailleurs le récit de ses formidables voyages….
Cette énorme bête (près de 20 m de long) crache du feu sous forme de confettis et ses accompagnateurs, de plus en plus nombreux ont pour noms Biessons, Noss’Petit’, le chien Filou, et le bébé de la Grosse Biesse. Les Biessons sont les plus remuants car ils taquinent le public en lui infligeant un bon shampooing à base de ces rondelles multicolores.
La Grosse Biesse
Autrefois à Marche, au « Fond des Vaulx », vivait un peuple de nutons barbus coiffés de bonnets pointus. Ils étaient très gentils et travailleurs. Comme ils étaient timides, jamais ils ne se montraient. Cependant, ils rendaient de nombreux services à la population.
Un matin, à la surprise générale, les nutons envahirent la ville. Il y en avait partout : dans les greniers, dans les caves, dans les armoires… Le comte de Marche fit capturer un nuton. Il lui demanda pourquoi son peuple avait fui les grottes du Fond des Vaulx. Le petit bonhomme répondit que la « Grosse Biesse du Fond des Vaulx » les avait effrayés. Alors le comte se souvint de l’existence d’une bête étrange qui se terrait dans un gouffre, « Li Trô thi Ô fosses ».
Elle était grosse comme deux éléphants, avait une longue queue pointue, une tête de crocodile, des écailles comme des assiettes, un long cou et de grandes dents. Son dos était garni d’une crête toute découpée et sa bouche crachait du feu. Elle ressemblait à un dragon. Le comte ordonna immédiatement de battre tambour pour rassembler soldats et Marchois afin de tuer l’animal. Tous, armés jusqu’aux dents, partirent à la recherche du monstre…
Pendant ce temps, dans les bois, une petite fille jouait à cache-cache avec son chien. Inquiète de ne pas le revoir, elle s’éloigna de plus en plus et arriva au Fond des Vaulx. Tout à coup, les feuilles des arbres s’écartèrent…Une énorme tête avec deux gros yeux brillants apparut. Le monstre s’avança en crachant du feu. Prise de panique, la fillette recula. Le chien bondit de sa cachette, se précipita sur le dragon et lui mordit la queue.
La bête se mit à gémir comme un tout petit animal. La fillette eut pitié d’elle, la consola et la soigna.
Nos trois nouveaux amis décidèrent de rentrer en ville. A la vue du monstre, les gens effrayés tentèrent de le tuer. La petite fille les supplia de ne lui faire aucun mal car, cria-t-elle, son nouvel ami était inoffensif et très gentil.
Chacun fut convaincu. Le comte fit organiser une grande fête au cours de laquelle la bête promit de ne plus effrayer les nutons. La « Grosse Biesse », surnommée ainsi par les Marchois, retourna vivre dans son gouffre en promettant de revenir leur dire bonjour de temps à autre.
Et c’est ainsi que chaque année, on peut voir la Grosse Biesse du Fond des Vaulx au carnaval de Marche.
Texte de J-L Troquet
La légende en audio
Les enfants de l’école communale de Humain, sous la houlette de leur instituteur monsieur Rémy Remacle, vous proposent un enregistrement de la légende de la Grosse Biesse.
La légende de la Grosse Biesse en BD
BD imprimée en 1987.
Air de la Grosse Biesse + MP3
L’air de la Grosse Biesse a été composé en 1987 par Jean-Pierre Benedetti, ancien chef à l’Harmonie Communale de Marche. Cette année coïncide avec la réapparition de la Grosse Biesse, disparue depuis 1963 du cortège. C’est également cette année-là que sont apparus les Biessons dans leur déguisement coloré, œuvre de la couturière marchoise Anne Renard.
En 1987, c’est Gérard Ier (Gérard Chenoix) qui préside les 3 jours carnavalesques.
Quelques photos